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Dropbox, Google, Facebook : trois multinationales envahissantes. Faut le savoir pour faire avec sans trop se faire avoir. Sortir la tête du sable.

La société Dropbox, par exemple, a accueilli une nouvelle personne à son conseil d’administration : Condoleezza Rice, conseillère à la sécurité nationale de l’ère Bush et connue pour avoir approuvé des écoutes illégales. Confier ses données à une entreprise requiert une grande confiance et Dropbox vient de perdre la confiance de beaucoup d’utilisateurs. Dropbox s’est empressé d’affirmer que sa stratégie de protection des données reste inchangée.
Mais le pire est que nous sommes en permanence scrutés, fichés, suivis, analysés pour des raisons qui n’ont rien de sécuritaires. Toutes ces infos sont regroupées, analysées, croisées par les grandes multinationales qui peuvent ainsi définir notre profil de consommateur et, dans leurs services gratuits (!), nous suggérer des achats correspondants à nos intérêts soigneusement construits. Rien n’est gratuit et l’utilisation des services gratuits tels que Dropbox, Google Documents ou Facebook nous fait rentrer dans la guerre commerciale internationale. Faut le savoir et choisir les limites du jeu dans lequel on joue.
Reste que, après avoir testé plusieurs alternatives « libres », n’étant pas informaticien et étant confronté à des procédures d’installation rébarbatives, je suis revenu à Dropbox.

Dropbox

Sans nier les risques idéologiques et en pleine connaissance de cause, l’utilisation de Dropbox permet d’organiser le travail à plusieurs autour de documents partagés.
Vous disposez d’une « armoire » dans laquelle vous déposez des documents. Ces documents (textes, feuilles de calcul…) sont accessibles aux collaborateurs que vous avez choisis et à qui vous avez envoyé une invitation à participer.
Ils sont accessibles réellement et totalement. Cela veut dire qu’un même texte peut être lu, relu, corrigé et annoté par plusieurs personnes. Mais pas en même temps. C’est la dernière modification qui est enregistrée.
Le gros avantage de ce partage est d’avoir dans un seul endroit, accessible au groupe d’invités, la dernière version du document.
Cela permet d’éviter ce que nous avons tous connu : envoyer un document à 5 personnes pour qu’elles réa­gissent, puis intégration par vous des 5 propositions dans une deuxième version du document que vous renvoyez à vos collaborateurs. Pour peu que vous gardiez le même nom du document, vos collaborateurs risquent de se mélanger les pinceaux avec les différentes versions et on ne sait plus quelle est la bonne !
Dropbox résout ce genre de problème en gardant l’ultime version dans un endroit commun, accessible à tous les membres du groupe.
De plus Dropbox peut afficher l’historique des modifications (avec leur auteur) et permet de revenir, si nécessaire, à une version antérieure.
Dropbox est également une bonne solution pour envoyer des documents lourds (vidéos, livres abondamment illustrés, photos avec plein de mégapixels…) à une ou plusieurs personnes.
Dropbox, à votre demande, crée un lien vers ce mastodonte et il vous suffit d’envoyer ce lien à vos correspondants. Le recevant, ils y auront accès (sécurisé, c’est-à-dire que seuls les possesseurs du lien auront accès au document partagé) pour le télécharger sur leur ordinateur. Mais, contrairement à l’exemple cité plus haut, ils ne pourront pas modifier le document dans votre armoire, ils ne pourront que le télécharger.
Mieux, Dropbox peut, avec l’aide de Baloon (https://balloon.io/), devenir une boite aux lettres accessible à vos élèves pour y déposer (à temps) leurs documents, ou à vos amis, suite à votre fête anniversaire, pour qu’ils puissent y déposer leurs photos, immortalisant ainsi cet inoubliable évènement. Et ces documents se retrouvent instantanément dans votre Dropbox auquel Ballon a lié cette boite aux lettres. Il suffira de leur envoyer le lien vers une page sur laquelle ils déposeront les documents à vous transférer, quelle que soit leur taille. Pratique !
Et, dernière chose, Dropbox est indépendant de la machine que vous utilisez. Que ce soit un Mac, un PC, une tablette ou un smartphone, Dropbox est universel.

Détournements

Google Documents procède du même principe, mais ici, et c’est étonnant de le voir en action, la collaboration permet à 25 personnes de travailler en même temps sur le même document. Avec, sur la partie droite de l’écran, un écran de dialogue, de clavardage comme disent les Canadiens, qui permet d’échanger, par écrit, à propos des modifications qui sont en train de se faire. Chaque participant au travail est identifié par ses initiales et par une couleur. On voit ainsi, en temps réel, qui est en train de modifier quoi !
Facebook est un outil qui fait peur aux adultes, et plus particulièrement aux enseignants, tant par sa puissance destructrice que par sa futilité.
Mais il (ou elle ?) peut être un espace de travail et d’échange bien pratique.
Il permet de créer (comme Dropbox et Google Documents) des chambres bien cadenassées, des groupes, pour que des personnes puissent y collaborer. Le principe est simple, je dépose un message et tous les membres (les « amis » choisis pour participer à ce groupe, et seulement eux) sont au courant de ce que j’ai écrit. Chacun peut réagir et répondre à mon message et, de nouveau, tous les amis du groupe (que l’on a paramétré comme « fermé ») sont au courant des réactions successives. De plus, et c’est là un gros avantage méconnu, on peut joindre à un message, en plus d’un photo, d’autres types de documents, des textes, des présentations, des feuilles de calcul… Cela crée ainsi un espace de travail collaboratif immédiat en utilisant un canal privilégié par les étudiants. Et personne d’autre n’est au courant de ce qui s’échange dans le groupe. Les étudiants vivent avec Facebook, en connaissent instinctivement le fonctionnement et la puissance. Cela permet, par exemple, la diffusion rapide de copies pirates d’épreuves d’examen !
La création de ces groupes est une utilisation pertinente et efficace d’un espace de travail coopératif. Cela détourne Facebook de sa fonction individualiste pour en faire un outil au service d’un projet commun.
À condition d’accepter de ne pas tomber dans la diabolisation de toutes ces pieuvres multinationales et en les utilisant, sans naïveté, en les détournant pour des projets momentanés et limités.

Codes de conduite

Cela oblige les adultes à intégrer des codes de communication auxquels ils sont étrangers, mais qui les mettront en état de recherche. Les étudiants partageront avec plaisir leurs savoirs et leurs intuitions à leurs enseignants en demande.
Et puis, et ce n’est pas le moindre intérêt, il faudra définir des protocoles, des codes de conduite, des modes d’emploi pour utiliser ces espaces partagés. Et travailler sur l’outil permet de médiatiser les forces en présence, ce qui engendre la sécurité indispensable pour se mettre à chercher, à accepter le risque du dialogue déstabilisant, condition nécessaire à tout apprentissage.
Et les étudiants ne seront pas les seuls à apprendre !
PS : si vous avez un site internet et donc un hébergeur et si le transfert de fichiers ne vous effraie pas et si vous n’avez pas peur de mettre les mains dans le cambouis et d’affronter les chmod et autres bizarreries, vous pouvez installer ownCloud (logiciel libre accessible à http://owncloud.org) qui vous fournira les mêmes services que Dropbox pour le partage de fichiers, mais aussi vous permettra de partager un carnet d’adresses et un agenda. Et vos données ne seront pas accessibles par une multinationale. Mais bien par la CIA et la NSA (National Security Agency) qui, comme tout le monde le sait, surveillent massivement tout ce qui circule sur le réseau Internet. Évitez donc d’y déposer le mode d’emploi pour fabriquer une bombe artisanale ! 