Édito

Didactiques en milieux populaires ? La didactique, n’est-ce donc pas général, transversal, cognitivo neuronal ? Que vient donc faire ici... le social ?
C’est que depuis des décennies et les ambitieuses massifications de l’école, il s’invite par la fenêtre, ce social, qui résiste à nos généreuses intentions, nos belles planifications, nos ambitieuses réformes.
On veut ton bien et on l’aura ! Et pourtant... cela grince, souvent, dans le microcosme des classes, et dans le macrocosme des statistiques.
Jusqu’à il y a peu, tout le monde ou presque s’en souciait comme d’une guigne. À part quelques mouvements militants, passés ou contemporains, soucieux d’éducation populaire, entre les lignes desquels le nôtre écrit ses propres traces.
Mais voilà qu’on s’est rendu compte que tout cela coutait beaucoup de sous. Voilà que de nouveaux pédotechnocrates débarquent qui, en toute objectivité bien sûr, veulent balayer d’un revers de la main ce qui se cherche et s’invente dans toutes ces classes désormais soupçonnées de ringardise. Pédagogies populaires, actives, explicites, etc. : la guerre des mots est déclarée. Et derrière, qu’est-ce qui se joue ? Quelles questions pouvons-nous tirer, qui nous donneraient un peu de grain à moudre ?
Didactiques en milieux populaires, donc. Certes. Ceci dit, qu’est-ce qui se cache derrière ces mots dont on abuse, cache-sexes d’une réalité inconnue et honteuse : « milieux populaires » ?
Et puis, CGé se mettrait-il à défendre de la « pédagogie ghetto » pour les écoles ghettos ? En un sens, peut-être bien que oui. Car est-il possible de proposer des pratiques et contenus de classe qui parlent de la même manière à tous ? Et à la fois, surement non ! C’est en s’interrogeant sur la place qu’elle offre à ceux qui sont le plus éloignés de la culture légitime que l’école s’oblige à inventer des pratiques susceptibles de toucher à l’universel dont elle se réclame.
Résistances, sens, mots et places : la didactique, c’est décidément méchamment politique...
Comité de rédaction